25 mai 2023

EMNO

Le projet EMNO (Espace Médical Nutrition et Obésité) fait partie des dispositifs “Article 51“ de la loi de financement de la sécurité sociale de 2018 qui permettent aux acteurs de santé de tester des organisations et des modèles de financement innovants. Ce projet offre la possibilité d’une prise en charge coordonnée des patients souffrant d’obésité, un problème de santé publique qui concerne plus de 16% de la population régionale.

Le 25 mars 2022, un 1er patient a été inclus dans le parcours numérique EMNO via l’outil eTICSS, plateforme de coordination régionale en Bourgogne Franche-Comté.

1 an plus tard, Cyril Gauthier, Médecin Nutritionniste, Porteur expérimentation article 51 EMNO, Cofondateur du dispositif eETP Nuvee, Copilote parcours nutrition santé ARS BFC, nous présente un bilan du parcours, son déploiement et ses évolutions.

 

Comment le projet a-t-il évolué en 1 an ?

 

C.G. Initialement, L’EMNO proposait une prise en charge médicale et chirurgicale dans le cadre de l’art. 51. Nous avions 5 profils de patients, déterminés dans le cahier des charges, pour stratifier leur pathologie, d’une prise en charge légère à une prise en charge très soutenue. Avec l’arrivée des dernières innovations thérapeutiques médicamenteuses, nous avons décelé une opportunité pour nos patients rentrant dans le cadre de l’expérimentation. Nous en avons discuté avec les instances nationales qui ont validé la mise en place d’un profil supplémentaire. L’équipe d’eTICSS a ainsi pu créer ce profil particulier « 3bis ». Cela nous a permis de proposer à nos patients un accès précoce à une prise en charge médicamenteuse de l’obésité. On compte, à l’heure actuelle, plus d’une soixantaine de patients inclus dans ce profil qui peuvent prétendre à ce traitement.

L’expérimentation, qui a remporté un franc succès, prendra fin en Mars 2024. Nous avons atteint notre objectif d’inclure 740 patients en Mars 2023. Les parcours se déroulant sur plusieurs mois, nous n’incluons plus de patients depuis cette date.

 

En pratique, comment l’outil eTICSS est-il venu en appui du parcours ?

 

C.G. L’outil, que nous avons coconstruit avec les équipes d’eTICSS, répond parfaitement à nos besoins et correspond à nos pratiques d’éducation thérapeutique. Il y a tout un volet sur la situation du patient incluant un compte-rendu à chaque fois qu’il est vu par un professionnel de santé. On retrouve les objectifs, fixés par les différents corps de métiers. Il est très intéressant aussi de pouvoir tracer le passage d’un profil à l’autre ou nos critères d’évaluation comme la qualité de vie par exemple. Cela génère une modélisation sous forme de radar qui nous permet de suivre l’évolution de la qualité de vie du patient en temps réel par rapport à la moyenne de celle des patients au début du programme EMNO. On retrouve aussi des données sur l’évolution de la composition corporelle, l’IMC etc… Tout est tracé pour nous permettre de mesurer la progression de nos patients. A cela s’ajoute le fait que l’outil est connecté au Système d’Information Décisionnel régional qui nous donne accès à une grande quantité de données intéressantes comme le nombre de consultations générées, par corps de métier, par profil…

 

Pensez-vous qu’eTICSS a fait évoluer les relations entre professionnels de santé ou avec les patients ?

 

C.G. Absolument, car les temps de coordination sont différents que l’on soit en ville / professions libérales ou en structure hospitalière. L’EMNO a un volume de patients par jour très important, eTICSS fluidifie la coordination ce qui nous fait gagner du temps. Cela permet aussi de créer un lien entre les professionnels en ville et ceux en hôpital. La plateforme facilite la communication et les échanges d’informations de manière sécurisée entre eux. Notre objectif est de renforcer le lien ville/hôpital et d’améliorer la qualité de notre prise en charge au bénéfice des patients.

Concernant les patients, on constate qu’ils viennent plus souvent en consultation car l’expérimentation cadre un rythme de visites régulières. Cette démarche de prise en charge leur procure sécurité et stabilité. Même s’ils ne voient pas systématiquement le médecin, l’infirmière en pratiques avancées ou de coordination s’entretient avec eux. Cela crée un lien thérapeutique avec les patients qui se sentent rassurés, accompagnés et soutenus dans leur démarche.

Aussi, dans le cadre de l’art.51, les actes sont forfaitisés. Les patients ne rencontrent pas de problème de règlement car il n’y a pas d’avance de frais.

Ils sont très conscients de l’opportunité et de l’intérêt de participer à l’expérience. C’est pourquoi nous nous adaptons aussi à la situation personnelle de nos patients et avons mis en place des prises en charge de proximité ou en visio pour certains habitant loin de l’EMNO.

(NDLR : dégager du temps pour tous les professionnels de santé et améliorer la prise en charge des personnes grâce au numérique est le 2ème axe de la feuille de route du numérique en santé 2023-2027).

 

Quels sont vos projets ? Y a-t-il d’autres évolutions à venir ?

 

C.G. Oui, toujours ! Le prochain objectif est de faire communiquer nos deux outils quotidiens : eTICSS EMNO (eparcours) et Nuvee (éducation thérapeutique). La tâche est importante avec l’enjeu d’identifier le patient entre les deux systèmes pour sécuriser son parcours.

L’expérimentation nous a permis de faire évoluer le parcours, d’affiner et d’améliorer notre offre de soin. Nous allons notamment réévaluer l’intensité, le suivi et la durée de nos prises en charge.

eTICSS est un très bon outil opérationnel qui répond à nos besoins. Nous souhaitons continuer à l’utiliser après la fin de l’expérimentation.  Nous travaillons actuellement avec les équipes de l’ARS BFC pour en faire notre outil métier de façon pérenne.