22 février 2022

eTICSS, des avancées décisives pour une meilleure prise en charge des patients

Comment conquérir de nouveaux utilisateurs d’eTICSS ? Quelles seront les nouveautés ? Quelle est sa place dans le paysage de la e-santé ? Les réponses de Clément Carlin, Responsable projets e-parcours à l’ARS Bourgogne-Franche-Comté

Quelles sont les ambitions de l’ARS pour eTICSS en 2022 ?

Clément Carlin : Notre priorité est de développer les usages des services offerts par la plateforme, donc le nombre de patients bénéficiaires. Pour atteindre cet objectif, nous nous sommes fixé trois axes de travail. Nous allons former de nouveaux utilisateurs, intégrer de nouveaux e-parcours, et augmenter l’utilisation d’eTICSS chez les professionnels déjà formés utilisant peu l’outil.

Quelle stratégie permettra de conquérir ces nouveaux
utilisateurs ?

C. C. : L’idée est de partir d’une structure utilisatrice d’eTICSS (DAC, Maison de santé, pharmacie…), de rencontrer ses partenaires (médecins, kinés, infirmières, SSIAD, SAD… ) pour promouvoir l’outil. Pour se servir d’un outil, encore faut-il savoir qu’il existe ! Nous devons donc faire connaître eTICSS le plus largement possible. Ce qui veut dire sensibiliser de nouveaux professionnels à l’enjeu coordination, leur expliquer les services offerts et leur plus-value, les rassurer sur la sécurité et la confidentialité des données hébergées… C’est tout le travail des chargés de développement des usages du GRADeS. Ces derniers vont au contact de ces professionnels qui interagissent et ont un réel intérêt à disposer de la bonne information au bon moment, essentiel pour garantir des prises en charge coordonnées.

Comment l’offre de services va-t-elle évoluer ?

C. C. : eTICSS est l’outil clé des e-parcours et l’offre de services ne cesse de s’enrichir pour répondre à de nouveaux besoins. Notre priorité, c’est de consolider l’existant pour les utilisateurs déjà bénéficiaires de l’outil. De faire en sorte que l’outil soit le plus robuste possible, qu’il réponde à leurs attentes et qu’il évolue avec leurs besoins.
Nous voulons aussi ajouter de nouveaux services, comme pour l’insuffisance cardiaque, prise en charge aussi bien au service de cardiologie à l’hôpital sur l’événement aigu, qu’au domicile, en télémédecine, en cabinet, en hôpital de jour… eTICSS permet de coordonner l’ensemble des professionnels de santé impliqués, pour qu’ils aient tous la bonne information sur leur patient. C’est aussi le cas d’EMNo, 1er projet article 51, où eTICSS renforce la coordination d’équipes nécessairement pluridisciplinaires mobilisées autour de l’obésité.
Nous déploierons prochainement d’autres e-parcours, sur de nouvelles thématiques. Sur Sport Santé, par exemple, pour coordonner les professionnels qui interviennent dans les maisons sport santé et faire en sorte qu’ils puissent être informés de tout événement survenu dans la vie du patient. Sur les risques suicidaires, dans la cadre du projet national VigilanS expérimenté dans plusieurs régions, dont la Bourgogne Franche-Comté. Et sur la petite enfance, avec un parcours spécialisé dans les troubles du neuro-développement des enfants. En 2022, 6 ou 7 nouveaux parcours devraient être ouverts sur eTICSS.

Quelle sera votre action auprès des professionnels déjà formés ?

C. C. : Aujourd’hui, certains professionnels inscrits sur eTICSS utilisent peu ou pas l’outil, pour des raisons très diverses. Notre objectif est de revenir vers eux, de comprendre pourquoi ils n’utilisent pas l’outil, de leur re-proposer des formations, et de déployer de nouvelles fonctionnalités pour mieux répondre à leurs besoins. Par exemple, nous intégrons actuellement un outil de gestion des données pour permettre de faire du suivi de cohorte dans eTICSS. De même, nous sommes en train d’ajouter un outil de support pour suivre les appels téléphoniques, d’enrichir la solution de mobilité eTICSS Globule, etc.

Qu’en est-il de l’interopérabilité d’eTICSS avec les autres SI ?

C. C. : Faire communiquer les SI au niveau régional est l’une de nos préoccupations majeures si l’on veut limiter au maximum la double saisie des données par les professionnels. Nous traitons le sujet au niveau local en connectant l’outil avec les structures de santé. Au niveau national, nous faisons en sorte qu’eTICSS puisse être connecté avec des outils comme le DMP ou mon Espace santé, pour qu’il y ait une vraie valeur ajoutée au niveau global sur la prise en charge, qu’on évite de re-saisir la même information dans plusieurs outils et qu’on puisse la récupérer de façon automatisée.

Peut-on considérer qu’en 2022, eTICSS est arrivé à maturité ?

C. C. : L’outil s’inscrit à la fois dans notre feuille de route régionale et est complémentaire avec la feuille de route nationale du SEGUR du numérique. Le défi, c’est qu’il puisse répondre de façon simultanée à l’ensemble des besoins exprimés par les professionnels. En cette période de crise sanitaire, par exemple, une expérimentation très intéressante est menée par le service de gériatrie du CHRU de Besançon et le DAC de Franche-Comté pour fluidifier les sorties d’hôpital et améliorer le retour à domicile des patients complexes grâce à eTICSS. En 2021, plus de 1500 patients ont pu bénéficier de ce dispositif.
Cette avancée illustre bien le fait que si, grâce à la plateforme, les professionnels trouvent facilement l’information pertinente qu’ils recherchent, ils seront de plus en plus nombreux à l’utiliser pour gagner du temps et, surtout, améliorer la prise en charge de leurs patients.